La Fondation CNRS prend son essor

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Une année de démarrage « intense et intéressante » pour une fondation qui vise une « recherche ambitieuse et libre ».

Retour sur la première année de la Fondation CNRS, qui a déjà soutenu plusieurs projets scientifiques.

Officiellement créée à l’occasion des 80 ans du CNRS en 2019, la Fondation CNRS est devenue opérationnelle suite à la réunion de son premier conseil d’administration le 8 janvier 2020. « Cette première année a permis l’organisation administrative et comptable de la Fondation, ce qui était complexe », raconte Michel Mortier, son directeur général.

Cependant, la crise sanitaire du Covid-19 a réduit l’ambition de cette première année de fonctionnement, en rendant difficiles les échanges et la création de relations avec des personnes et entreprises. Malgré tout, « la Fondation a réussi de belles actions », notamment vis-à-vis des particuliers qui ont « répondu favorablement via le site web ».

En une année, la Fondation a ainsi bénéficié de la générosité de plus de 100 donateurs particuliers, qui ont permis de soutenir trois équipes de recherche et « ne sont pas de petits montants », se félicite Michel Mortier, citant un don de 60 000 euros non fléché et un autre de 50 000 euros avec lequel le donateur a voulu aider l’Institut NeuroMyoGène.

Un programme ralenti par la crise

Grâce au mécénat de la CASDEN Banque Populaire, la Fondation a aussi pu soutenir deux projets de recherche en lien avec la crise du Covid-19 dès juillet 2020.

« Même si nous avions encore peu de moyens, la Fondation a voulu apporter un éclairage à cette crise comme le CNRS sait le faire, à la fois en sciences ‘dures’ et en sciences humaines et sociales. » Caroline Goujon de l’Institut de recherche en infectiologie de Montpellier a ainsi bénéficié de ce mécénat pour chercher à identifier des molécules antivirales contre le SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie. De même, au Laboratoire de psychologie sociale et cognitive, Sylvie Droit-Volet, professeure des universités, et Pascal Huguet, directeur de recherche CNRS, mènent des travaux pour mieux comprendre les déterminants psycho-sociaux  des comportements à risque et de la distanciation sociale dans le cadre de la pandémie du COVID-19: « La réactivité incroyable de la Fondation nous a permis d‘organiser des enquêtes pendant le premier confinement. Nous avons ainsi pu faire appel à une société spécialisée pour obtenir un échantillon représentatif de la population française et effectuer une étude sur le long terme, en interrogeant à nouveau les mêmes personnes lors du second confinement. Ce côté longitudinal de l’étude représente toute l’originalité de notre travail. C’est la force de la Fondation : donner les moyens aux scientifiques d’aller vite, surtout en cette période exceptionnelle », témoigne la chercheuse.

La Fondation soutient également le projet Collective Science de Fabienne Cazalis, chargée de recherche CNRS au Centre d’analyses et de mathématiques sociales. La neuroscientifique cherche à mieux comprendre les formes d’intelligence atypiques, et plus précisément les capacités cognitives des personnes autistes, grâce à un ensemble d’outils innovants pensés pour la recherche en psychologie expérimentale. Soutenu par le programme de prématuration du CNRS, ce projet vise à favoriser l’inclusion professionnelle des personnes autistes.

Pendant cette première année d’activité, la Fondation CNRS a aussi défini son programme de reconnaissance du mécénat d’entreprises. « Cette étape importante nous permet d’aller vers les entreprises, en leur proposant une visibilité et un retour en termes de responsabilité sociale », explique le directeur. Parrainage de prix scientifiques, bourses, chaires : la Fondation démarche ainsi les mêmes entreprises que pour une recherche partenariale dans les laboratoires, mais sans contrepartie directe, notamment sur la propriété des résultats. Elle vient de signer une convention de mécénat de compétence avec Altran, leader mondial des services d’ingénierie et de R&D, société du groupe Capgemini, et le CNRS dans le cadre du projet « HUT Théâtre » de l’Institut d’électronique et des systèmes. Prolongation de l’étude « HUT » (pour « HUman at home projecT ») initiée par le CNRS pour explorer et anticiper les effets des nouvelles technologies et des objets connectés sur les comportements quotidiens et le bien-être dans l’habitat, cette expérience s’appuie sur une plateforme collaborative et pluridisciplinaire pour écrire une pièce de théâtre interactive qui met en exergue de façon humoristique les problématiques inhérentes aux interactions humain-machine dans un environnement ultra-connecté.

Des fondations abritées

« Pour cette nouvelle année, nous espérons construire des relations concrètes avec les grands partenaires de recherche du CNRS », en faisant en sorte que la Fondation « trouve sa place au sein des programmes de mécénat des entreprises », même si cela peut demander du temps. Autre projet pour l’année : héberger des fondations portées par des scientifiques du CNRS.

Plusieurs fondations sous égide (voir encadré) sont ainsi en cours de développement. « Abritées » par la Fondation CNRS, elles bénéficient de ses avantages, comme la capacité à recevoir des dons et legs, tout en restant autonome d’un point de vue opérationnel. Elles sont alors un « outil adapté » pour aider des scientifiques à financer des projets qui ne peuvent se faire par le biais des laboratoires. En complémentarité de CNRS Innovation, la filière de valorisation du CNRS qui peut gérer des aspects lucratifs (création d’une start-up ou transfert vers une entreprise), la Fondation est « un bon vecteur pour accompagner des projets sans bénéfice », comme le développement de logiciels et données libres, soutenus par des dons et du mécénat. « La Fondation CNRS est au service des chercheurs et chercheuses et s’adapte aux besoins de chaque communauté », conclut Michel Mortier.

Une fondation pour préserver l’océan

La Fondation CNRS accueillera à terme plusieurs fondations sous égide. Créée le 8 janvier 2021, la première d’entre elles se nomme Fondation Rescue Ocean. Lancée par l’association Project Rescue Ocean, elle vise à développer des actions à travers lesquelles les citoyens pourront apporter leur concours à des projets de recherche liés à l’océan et sa préservation. « Source de ponts entre scientifiques et citoyens », selon Michel Mortier, Rescue Ocean envisage par exemple de former des bénévoles finistériens à la méthodologie de collecte des déchets, afin de contribuer aux opérations de ramassage organisées dans le cadre du programme Preventing Plastic Pollution (PPP) encadré par Ika Paul-Pont, chargée de recherche au Laboratoire des sciences de l’environnement marin. Dans le même domaine, la fondation abritée soutient également le navigateur de course au large Axel Thréhin, ambassadeur de l’association, et équipera son bateau de capteurs de microplastiques. Enfin, au Laboratoire MARBEC, « Rescue Ocean pourrait aider à collecter des échantillons de poissons (y compris requins et raies) pour compléter notre base de référence génétique qui nous permettent d’effectuer des diagnostics rapides et exhaustifs de la biodiversité marine à travers le monde. », explique le chercheur David Mouillot.

 

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