Cette semaine dans la presse français et internationale, des journaux, notamment Le Monde, Le Figaro et ABC News, commentent le travail de Laetitia Hédouin (Directrice de Recherches CNRS (CRIOBE) et fondatrice de la Fondation Science4Reefs sous l’égide de la Fondation CNRS) et de son équipe. Ces articles mettent en lumière sa découverte de « supercoraux » dans l’atoll de Tatakoto, en Polynésie française, à plus de 1 000 km de Tahiti. Ces coraux montrent une résistance remarquable face à des températures des eaux de plus de 34 degrés. Ce facteur unique de résilience aux hautes températures pourrait contribuer à restaurer des récifs endommagés suite au changement climatique, dans le monde.
Cette découverte est le fruit de la recherche de Laetitia Hédouin et son équipe. Laetitia Hédouin est directrice de recherches au CNRS (CRIOBE) et fondatrice de la Fondation Science4Reefs sous l’égide de la Fondation CNRS. Cette fondation, créée pour participer activement au développement d’une recherche audacieuse et innovante, a pour objet d’identifier des solutions nouvelles qui permettront de limiter la perte de la biodiversité des récifs coralliens face aux changements climatiques. Les travaux de cette spécialiste de l’écologie des récifs coralliens, visent à comprendre les mécanismes de résilience des coraux face aux pressions environnementales, notamment le changement climatique.
L’atoll de Tatakoto présente, à première vue, des conditions peu propices à la survie des coraux : il s’agit d’un lagon semi-fermé, connecté à l’océan uniquement par de petits chenaux, ne permettant qu’un brassage minimal avec les eaux qui l’entourent, et provoquant des variations de température extrêmes, de 3 à 4°C par jour, qui peuvent atteindre des maximales de 35°C.
Pourtant, ces expéditions, soutenues par l’UNESCO, le Labex Corail et l’Université de la Polynésie française (UPF), prouvent que des dizaines d’espèces de coraux prospèrent. Ces « supercoraux » thermorésistants pourraient contribuer à restaurer des récifs endommagés dans le monde. En effet, les récifs coralliens sont en première ligne du réchauffement des océans, qui provoque des épisodes de blanchissement : les coraux, stressés par la chaleur, expulsent leurs microalgues symbiotiques, perdent leur couleur, et meurent s’ils ne parviennent pas à récupérer. Les scientifiques nous indiquent que 90 % des récifs sont à risque de disparaître d’ici 2050 : les conséquences sont évidentes considérant que ces refuges de biodiversité abritent 25 % de la vie marine, protègent les côtes de l’érosion et soutiennent l’alimentation et les économies de millions de personnes.
Durant ces expéditions, les chercheurs ont observé que les coraux Acropora – souvent les premiers coraux à blanchir et mourir en raison de leur structure fine, ramifié et de leur croissance rapide – ont survécu en grand nombre lors du dernier épisode de chaleur intense, comparé aux Pocillopora, connus comme étant plus robustes grâce à leur structure dense en forme de chou-fleur, suggérant que l’exposition à des variations de température peut renforcer la résilience de certains coraux. Ainsi, des espèces traditionnellement considérées comme vulnérables joueraient un rôle clé dans les stratégies de conservation face au changement climatique.
Les expéditions menées à Tatakoto illustrent les nouvelles approches explorées dans le cadre de la Décennie des sciences océaniques des Nations Unies pour le développement durable (2021–2030). Lors de la Conférence des Nations Unies sur l’océan à Nice, en juin 2025, gouvernements, scientifiques et partenaires seront réunis pour faire progresser l’action collective en faveur de l’océan.